Juliette

Juliette, la petite Chinoise née l’année du coq, sous le signe astrologique du Verseau, ascendant Bélier (selon le site « monhoroscopedujour.com »),  voit le jour à 10h34, et nous présente calmement ses petits 48cm pour 2kg880, et tous ses orteils. Une petite petite poulette, quoi. Nous la découvrons toute proprette et emmaillotée à la mode chinoise, mais aussi avec les cheveux non lavés. Je me demanderai plus tard s’il ne s’agit pas là encore d’une tradition consistant à conserver l’odeur de la mère, rassurante pour les nouveau-nés. Ses cheveux déjà épais collés à son petit crâne frêle.

La veille encore, rien n’était fait. Dans cet hôpital public spécialisé dans les soins aux femmes et aux enfants (Women and Children’s Hospital), les environs sont parlants. Instantanément, on prend la mesure de cette structure de 14 ou 15 étages. Une station de métro porte même son nom. Les gens entrent et partent par flux constant. Arrivés dans le hall monumental et lumineux, l’agitation du dehors se poursuit à l’intérieur et le temps d’accueil est long pour obtenir une chambre. Néanmoins, une fois arrivés et installés, le personnel est charmant. Les médecins parlent anglais et certaines infirmières se débrouillent même assez bien… avec leur traducteur pour certaines. On les fait rire. Elles ne sont pas habituées à nos façons de faire.

La chambre est partagée avec un autre couple qui reçoit de la famille à longueur de journée. Des simples rideaux tirés nous séparent. Dans le couloir, le sol est propre et coloré. Il y a au moins 50 chambres et une aile identique est en face. Pour y accéder, il faut à chaque fois se faire connaitre auprès de la responsable de la porte, afin d’empêcher les vols de bébés peut-être et sans doute aussi pour des raisons de sécurité.

Mardi 23 Janvier, jour J, à 9:30, nous descendons au 4° étage pour l’accouchement. Tout se passe bien, mais Alex est un peu tendue. Elle me fait jurer de bien s’occuper de « ses » enfants au cas où il lui arrive quelque chose. Elle a un pyjama-blouse ravissant, je ne peux donc rien lui refuser. Au 4° étage, l’obstétricien est en salle. Nous signons les derniers documents. Un attroupement d’infirmières admire la signature complexe d’Alex avec des « AOOOOoh ». Ma blonde part soudain en salle d’opération en fauteuil, prise en charge par des infirmières et l’anesthésiste. Là, tout se précipite soudain. Je me fais congédier à l’extérieur de l’aile, derrière une baie vitrée opaque, mon passeport à la main à attendre au milieu d’une trentaine de personnes, debout à côté de l’ascenseur. Une éternité. Beaucoup d’hommes doivent connaitre ça. Enfin, une femme sort avec un colis qui semble être le mien ! Je la surprends en la suivant car elle me fait comprendre que je dois plutôt être aux côtés de ma femme. Une tradition ? Nous avions convenu que non. C’est donc dans l’ascenseur pour le 7° étage que je fais la connaissance de Juliette. Nous y voilà. Elle est minuscule, emmaillotée, toute gluante et pas trop fripée. Je la suivrai où qu’elle aille.

Ma petite papillote chinoise est magnifique. Elle dort beaucoup et pousse de minuscules cris pour téter. Nous restons encore à l’hôpital pour quelques jours, puis le retour nous appelle. C’est la fin de mon congé de paternité, les papiers sont faits et il faut bien retrouver Loup gardé par ses grands-parents. Nous avons hâte de commencer cette nouvelle vie à quatre. En même temps, nous ressentons cette drôle de nostalgie à quitter ce lieu de notre rencontre avec Juliette.

A notre arrivée à la maison, Loup est très excité. Si bien qu’il ne dort toujours pas à 23 :00. Je le vois tellement grand ! A-t-il tellement grandi  en 5 jours ? Il prend sa petite sœur dans les bras, bien assis, bien inquiet. Sa petite sœur ! Il est fier. L’instant est émouvant. Maminouche et Félix nous attendaient avec une bouteille de Champagne.

Des mois de craintes, un accouchement, un garçon et une adorable fille. Oui, on l’a gagnée, la coupe !